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Le rapport de l’OFEV sur la 5G et le rayonnement non ionisant présenterait plusieurs failles
Selon le rapport publié par l’Office fédéral de l’environnement en juin 2022, la 5G ne présenterait aucun risque pour la santé. Cependant, les opposants à cette technologie dénoncent des biais dans la méthode d’analyse. L’émission On en parle l’a étudié en détail.
Lundi, il sera question de 5G à Berne. La commission des transports et des télécommunications du Conseil des Etats se penchera sur une motion du Parti libéral-radical qui demande que cette technologie soit massivement déployée en Suisse d’ici 2024. Tandis que les opposants à la 5G soulignent le manque d’études sur l’impact de cette technologie sur la santé et l’environnement, les parlementaires en commission évoqueront probablement le récent rapport de l’OFEV, paru en juin 2022.
Le rapport en question
En juin 2022, l’OFEV publie un premier « Rapport de monitoring du rayonnement non ionisant », long de 76 pages. Son objectif est de déterminer à quel point la population est exposée au rayonnement non ionisant, c’est-à-dire aux ondes potentiellement dangereuses d’appareils comme les antennes de téléphonie, les émetteurs de radio, les réseaux wifi mais aussi les lignes électriques, les lignes de contact ferroviaires et les appareils électroménagers.
Une antenne 5G à Genève. [Martial Trezzini – Keystone]
Les conclusions de l’OFEV sont plutôt rassurantes: l’exposition de la population au rayonnement est « globalement modérée » et la protection de la santé est garantie. Le rapport mesure effectivement des valeurs moyennes nettement inférieures aux valeurs limites autorisées. Concernant les sources de rayonnement, dans les lieux publics, ce sont les antennes de téléphonie mobile qui contribuent le plus au rayonnement électromagnétique.
Des biais dans la méthode d’analyse
Les opposants dénoncent des biais dans la méthode d’analyse de ce premier rapport. Plusieurs points sont en effet étonnants. Selon l’OFEV, « l’objectif des mesures est de collecter des données représentatives de l’exposition de la population. Elles sont effectuées là où les gens se trouvent au quotidien. Il s’agit des quartiers résidentiels, des places publiques, des transports et des espaces intérieurs accessibles au public (p. ex. supermarchés, restaurants, musées) ». Au total, 300 endroits ont été analysés.
Cependant, aucune mesure n’a été faite sur des lieux de travail ou dans les écoles obligatoires. Quant aux logements, le rayonnement a été mesuré dans seulement quatre appartements, mais aucun d’entre eux n’était proche d’une antenne de téléphonie mobile. Enfin, très peu de mesures ont été effectuées à proximité d’antennes 5G déjà équipées, pourtant déjà présentes à certains endroits en Suisse.
La réponse de l’OFEV
Interrogés par On en parle, les représentants de l’OFEV expliquent que les lieux de travail ont été écartés car leur étude nécessiterait un échantillon trop important. De plus, une autre législation est en vigueur sur les lieux de travail et ne concerne donc pas ce monitoring.
Quant aux écoles, il est prévu de faire des mesures dans une école primaire, une école secondaire et un gymnase en 2022. L’OFEV rappelle aussi qu’en 2021, des experts sont allés dans trois hautes écoles pour y effectuer des mesures. L’office estime que ces lieux sont comparables en termes d’utilisation du Wifi ou de la téléphonie mobile.
Les quatre logements ont été choisis spécifiquement pour leur proximité avec une source de rayonnement non ionisant « déterminante », par exemple une ligne de train ou une ligne à haute tension. L’OFEV ajoute que les mesures ne font que commencer car elles ont été retardées à cause de l’épidémie de coronavirus: à terme, une centaine d’appartements seront analysés. Il n’est donc pas encore possible d’en tirer des conclusions générales.
En ce qui concerne le peu de mesures effectuées à proximité d’antennes 5G, l’OFEV explique que la part de technologie 5G dans l’ensemble de la téléphonie mobile est actuellement plutôt basse. Cela est à la fois dû au faible taux de déploiement des téléphones mobiles 5G et au fait que l’utilisation de la 5G par les opérateurs de téléphonie mobile est encore en partie optionnelle et liée à des frais supplémentaires.
Les résultats de ce rapport sont certes rassurants car les normes sont respectées, mais l’objectif de collecter des données représentatives n’est pas encore atteint. Ce rapport pose donc les bases méthodologiques pour un monitoring sur 5 ans au moins, ce qui permettra de comparer l’exposition aux champs électromagnétiques sur la durée.
Sujet radio: Delphine Sage et Isabelle Fiaux